Conduite et vieillissement : conseils d’experts
Sommaire
Comment choisir son parcours ?
Avant de se déplacer et d’utiliser son véhicule, il est important de prendre quelques précautions, à commencer par l’absence de prise d’alcool et de drogues, mais aussi par des ajustements de trajets.
La circulation et les itinéraires évoluent régulièrement (nouveaux feux rouges, nouveaux ronds-points, partage de voies avec des vélos, itinéraires bis, fermeture de voies, ralentissements, etc.) et désorientent souvent les conducteurs et en particulier les personnes âgées. Il est important de choisir un parcours qui limite les situations à risque, comme les carrefours en croix, et préférer la conduite diurne, plus confortable. Il est important de préparer, dans son parcours, des temps de trajets courts ou avec arrêts fréquents pour limiter le risque de fatigue ou de somnolence. Tout élément distracteur doit être limité, en premier lieu le téléphone portable ou les écrans de bord.
Quel est l’apport des systèmes d’aide à la conduite ?
Au fur et à mesure du temps, des systèmes d’aide et d’assistance à la conduite ont été mis en place au sein des voitures. Ils comprennent l’accessibilité au véhicule, une visibilité à 360°, les éclairages adaptatifs, les équipements de sécurité comme les ceintures avec limiteur d’effort ou le monitoring du conducteur, les aides au freinage d’urgence, les appels d'urgence avec des notifications de gravité de la collision qui sont des aides au secours…
Certains de ces systèmes, dits de sécurité primaire, correspondent aux éléments efficients avant même la survenue d’un éventuel accident, comme l’assistance ABS au freinage ou les correcteurs électroniques de trajectoire. Les éléments de sécurité secondaire concernent les dispositifs qui améliorent le niveau de protection lors d’un accident. Ils comprennent les ceintures de sécurité à trois points, les airbags, les appui-têtes, une moindre déformation de l’habitacle lors d’un choc… Enfin, la sécurité tertiaire concerne les systèmes qui vont favoriser l’intervention des aides (appel d’urgence, géolocalisation du véhicule…). Nombre de ces systèmes équipent les véhicules de nouvelle génération.
Évolution de l’état de santé : quelle surveillance ?
On a tendance à limiter la conduite à un problème de capacités physiques et de capacités mentales et cognitives, alors que la conduite est finalement une tâche beaucoup plus complexe puisqu’elle concerne bien sûr l’aptitude, mais également la performance en conduite réelle. Il faut également prendre en compte le comportement du conducteur au volant, comportement qui n’est pas forcément lié à l’âge.
Même si l’automobile contribue à l’image et à l’estime de soi, il est nécessaire de connaître les symptômes et les signes qui peuvent avoir un impact sur la conduite automobile pour limiter les risques. Parmi les fonctions essentielles à la conduite, nous retrouvons les fonctions cognitives, sensorielles, sensitives et motrices. Dans les fonctions cognitives, sont impliqués l’attention, la flexibilité mentale et l’inhibition, le jugement des situations et le comportement. Il ne faut pas négliger tout ce qui est sensoriel avec la vue et l’ouïe, le sensitif sur l’appréciation des vitesses et des mouvements environnants, et la motricité de la personne. D’autres éléments doivent être considérés, comme les prises médicamenteuses et la consommation d’alcool.
Il faut être prudent et ne pas limiter la conduite à une unique fonction. Des modifications se retrouvent chez la personne âgée en bonne santé, sans pathologie identifiée. Il existe un ralentissement psychomoteur et moteur très léger et quelques difficultés d’attention qu’il va falloir prendre en compte. Sur le plan visuel, on sait qu’avec le vieillissement, il y a une baisse de l’acuité visuelle et un risque d’éblouissement plus important. Il existe également une diminution limitée de la coordination motrice.
Quelles pathologies sont susceptibles d’avoir un effet sur l’aptitude à la conduite ?
Beaucoup de pathologies, parfois associées, peuvent avoir un impact sur l’aptitude à la conduite automobile et majorer le risque de survenue d’un accident. On peut citer, à titre d’exemples, les pathologies cardio-vasculaires, un antécédent d’accident vasculaire cérébral, certains troubles psychiatriques ou encore l’existence de troubles visuels ou de certaines pathologies métaboliques déséquilibrées ou non stabilisées comme le diabète. Les problématiques d’aptitude à la conduite ne se résument pas, loin de là, à l’âge et aux facultés cognitives !
Conduite automobile et médicaments : quels sont les risques de la prise de médicaments sur la conduite automobile ?
Une personne âgée peut en moyenne prendre 5 médicaments différents par jour. Les risques liés à cette prise de médicaments existent et peuvent altérer la conduite automobile. Il est donc très important d’y porter une attention particulière : être sensibilisé à la consommation de médicaments, très vigilant et attentif aux traitements qui sont pris et aux risques qu’ils peuvent engendrer concernant la conduite.
Comme le précise la Sécurité routière, la prise de certains médicaments comporte des risques. Les médecins et les pharmaciens sont disponibles pour informer les patients sur ces risques. De plus, lorsqu’il existe un risque sur la conduite en rapport avec la prise d’un médicament, il existe un pictogramme visible sur la boîte. Ce dernier classe le risque en 3 catégories : niveau 1, de couleur jaune, conseillant la prudence et demandant de ne pas conduire sans avoir lu la notice ; niveau 2, de couleur orange, demandant d’être très prudent et de ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé ; niveau 3, de couleur rouge, précisant l’existence d’un danger et demandant de ne pas conduire. Pour le dernier niveau, il est précisé qu’il faut demander l’avis d’un médecin pour la reprise de la conduite. Ces données sont valables pour les médicaments délivrés sur ordonnance médicale comme pour ceux qui ne sont pas soumis à prescription. Une attention toute particulière devrait être portée à la prise, particulièrement fréquente en France et dans la population âgée, d’anxiolytiques comme les benzodiazépines ou d’anti-dépresseurs.
Comment le médecin traitant peut-il aider l’usager âgé dans son aptitude concernant la conduite automobile ?
Le conducteur est le premier responsable de ses actes et de ses décisions. Le médecin traitant n’a pas le pouvoir d’interdire la conduite et est soumis au secret médical. Mais il est présent pour prévenir et informer le patient sur les modifications qui peuvent être liées à une pathologie ou favorisées par l’âge.
En cas de maladie pouvant impacter la conduite, il informe le patient sur les risques d’accident, sur le fait que cette maladie peut être incompatible avec le maintien de la conduite et évoque la possibilité d’une expertise par la Commission d’aptitude à la conduite. Cette dernière, sans être sanctionnante, peut parfois permettre à certaines personnes d’aménager leur pratique avec de vrais conseils. Il faut surveiller les difficultés motrices, visuelles et cognitives liées à la vigilance et proposer des évaluations gériatriques.
Dans la conduite automobile des personnes âgées, certaines actions peuvent être envisagées, comme s’assurer d’un bon contrôle visuel, d’un contrôle auditif, d’habitudes de conduite de qualité. Lorsque des difficultés cognitives, motrices ou autres se présentent, le médecin accompagne le patient sur l’arrêt de la conduite et l’oriente vers des alternatives à la voiture, comme l’utilisation des transports en commun. Une visite d’aptitude à la conduite auprès d’un médecin agréé peut être proposée et conseillée.